Agrippine et Messaline, les empoisonneuses
Buste de Messaline
Claude était terrorisé à l'idée d'être assassiné par Messaline. Or, c'est Agrippine qui l'élimine. Laquelle périra à son tour de mort violente...
Le jour même de l'exécution de Messaline, Claude, dégoûté du mariage, jure devant ses prétoriens : « Je resterai célibataire, puisque le mariage me réussit si mal. Si je viole mon serment, tuez-moi ! » C'est compter sans le tempérament sensuel du prince et sans les manoeuvres de ses affranchis. Ils savent bien que ce serment imprudent ne sera pas tenu par un homme trop asservi à ses sens. Aussi se mettent-ils à proposer à Claude différentes candidates. Les plus belles femmes de la noblesse romaine entrent en lice. Calliste soutient la candidature de Lollia Paulina, qu'en 39, Caligula avait enlevée à son mari pour la renvoyer ensuite. Narcisse patronne chaudement Aelia Paetina qui a été la seconde épouse de Claude. Il avance que le retour d'une épouse déjà connue ne bouleverserait pas la maison impériale. En fait, c'est Pallas qui a choisi la bonne candidate, Agrippine, fille de Germanicus et donc nièce de Claude.
La jeune femme, âgée alors de trente-trois ans, a été mariée une première fois avec un homme brutal et cynique, Cneius Domitius Ahenobarbus, dont elle a un fils, Néron ; une seconde fois avec Crispus Passienus qui, à sa mort, lui a laissé une grosse fortune. Cette belle veuve est animée d'une ambition effrénée. Profitant de ce que sa parenté avec Claude lui ouvre la porte des appartements privés de l'empereur, elle lui rend de fréquentes visites, se montre enjôleuse, multiplie les cajoleries avec plus de familiarité que ne le permet son rang de nièce.
Claude, nous le savons, est loin d'être insensible au charme féminin et bientôt parle mariage. Agrippine veut aussi préparer un avenir glorieux pour son fils et décide de le fiancer à la fille de Claude, Octavie. Or celle-ci, malgré son jeune âge, est déjà promise à Silanus. Comment se débarrasser de ce fiancé encombrant ? Vitellius, qui avait si bassement flatté Messaline, accuse Silanus d'avoir eu des relations incestueuses avec sa soeur. Le jeune homme est chassé du Sénat, démis de sa charge de préteur et voit ses fiançailles avec Octavie rompues.
Au début de l'année 49, plus rien en théorie n'empêche le mariage de Claude et d'Agrippine, à l'exception d'un détail de taille : la loi romaine interdit l'union incestueuse entre oncle et nièce. Une nouvelle fois, l'industrieux Vitellius apporte son aide : il expose au Sénat que l'empereur, accablé par de lourdes tâches, n'a pas le temps de s'occuper de ses enfants et qu'il lui faut prendre une épouse. Or quelle Romaine est supérieure à Agrippine par sa noblesse et sa chasteté ? Sans hésiter, les sénateurs votent une loi autorisant les oncles à épouser leurs nièces.
Les noces de Claude et d'Agrippine sont immédiatement célébrées. Avec son étourderie habituelle, l'empereur ne cesse d'appeler sa nouvelle femme « sa fille », « son nourrisson qu'il a élevé sur ses genoux » ! La petite Octavie est fiancée à Néron. L'ère Agrippine commence : la nouvelle épouse du prince domine son mari et l'Etat. Contrairement à l'usage, elle accompagne presque toujours Claude en public lorsqu'il traite des affaires à son tribunal ou donne audience à des ambassadeurs étrangers. A la différence de Messaline, Agrippine n'agit pas par caprice, mais par ambition calculée. Son maintien est sévère, souvent même altier. On ne peut lui reprocher aucun écart amoureux. Elle reste chaste, mais subordonne tout à son inextinguible soif de richesses, et à sa vengeance.
Agrippine veut que Néron soit le successeur de Claude. Avec l'aide de Pallas, elle circonvient son époux qui adopte Néron au début de l'an 50. Désormais Néron est constamment mis en avant au détriment de son nouveau frère Britannicus. Ce dernier, relégué dans l'ombre et privé de ses esclaves, a un esprit très vif et a percé à jour les machinations de sa belle-mère. Aussi s'amuse-t-il à provoquer Néron en l'appelant de son ancien nom, Domitius.
Lorsqu'en 51, Néron prend la toge virile lors d'une fête splendide, Agrippine a alors plus de pouvoirs que son mari. Elle démet de leurs fonctions les deux préfets du Prétoire qu'elle sait fidèles au souvenir de Messaline et les remplace par Burrhus. Sous prétexte qu'elle est soeur, épouse et mère d'un empereur, elle ose pénétrer dans le Capitole dans la voiture d'apparat réservée aux prêtres. Désirant s'approprier les splendides jardins de Statilius Taurus, elle le fait accuser de pratiques magiques et le pousse au suicide.
Cependant Claude commence à prendre conscience des méfaits d'Agrippine. Il fait comprendre qu'il regrette son mariage et l'adoption de Néron. Il manifeste publiquement sa préférence pour Britannicus. Agrippine prend peur et ne voit qu'une seule solution : la mort de son époux.
Les historiens ne s'accordent pas sur les circonstances de l'empoisonnement de Claude. La plupart accusent Agrippine qui aurait chargé une célèbre empoisonneuse, Locuste, de trouver une drogue raffinée susceptible de troubler l'esprit sans hâter la mort.
Le 12 octobre 54, Claude participe à un repas avec les prêtres augustales. Son dégustateur, l'eunuque Halotus, de mèche avec Agrippine, lui sert un plat de cèpes empoisonnés. L'empereur tombe dans une semi-inconscience, mise sur le compte de l'ivresse, puis est pris de violentes diarrhées. Agrippine, croyant que le poison a été ainsi éliminé, fait appel à son complice, le médecin Xénophon, qui, sous prétexte d'aider Claude à vomir, enfonce dans son gosier une plume enduite de poison. Torturé par de violentes souffrances, l'empereur meurt au lever du jour.
Agrippine a fait fermer tous les accès du palais, les trois enfants de Claude sont retenus dans leurs appartements, pendant toute la nuit on communique des bulletins de santé rassurants. A midi, le 13 octobre, les portes du palais s'ouvrent soudain : Néron, escorté de Burrhus, va vers la cohorte prétorienne qui le salue comme empereur. Le dessein d'Agrippine a été parfaitement réalisé et son fils reconnaissant donne comme mot d'ordre au tribun de garde : « La meilleure des mères. »
La quête du pouvoir d'Agrippine
Nous sommes au Ier siècle après Jésus-Christ et l'histoire que vous allez lire est celle d'une femme avide de pouvoir, lequel rimera avec le sang et l'argent. La vie d'Agrippine est aussi tragique qu'abasourdissante!
Nous sommes en 15 après JC lorsque naît la petite Agrippine. Elle est la fille de Germanicus et même l'arrière petite-fille d'Auguste! Bien plus tard, on la retrouve mariée à Ahenobarbus, un homme très populaire à Rome, que l'on dit brute et sauvage, et qui aime démesurément l'alcool, les jeux et les femmes. Il le rappelait souvent, le fils qu'il aurait avec Agrippine serait laid, c'est chose faîte peu de temps après puisque naît un garçon, que l'on nommera Néron!
Les disputes conjugales sont fréquentes et Ahenobarbus aspire à s'éloigner de sa femme, qui, disons-le franchement, l'agaçe véritablement. On a peu de difficulté à imaginer sa joie lorsqu'il est nommé proconsul en Sicile. Naturellement, il laisse sa femme et son fils, et sa ville d'Antium. A Rome, un pauvre fou du nom de Caligula au visage "affreux" et "repoussant" est au pouvoir: il s'agit du frère d'Agrippine. Cette dernière essaye de séduire son frère qui s'en lassera vite. Alors, une idée lui vient à l'esprit: Séduire l'amant de l'empereur, Lépide. Belle et charmante, elle réussit sans trop de mal et pactise même avec Lépide contre Caligula!
Comment tuer un empereur romain?
Une méthode très efficace et particulièrement appréciée des femmes sera utilisée: le poison. Ainsi s'en va t-elle chercher chez la célèbre empoisonneuse romaine Locuste la fiole contenant le poison. Mais, l'amant de l'empereur qui ne souhaite pas avoir de remords révèle finalement tout ce plan machiavélique! Le pauvre sera immédiatement décapité et la mère et son fils seront envoyés sur les îles Pontines.
Entre temps, un dénommé Cassius Chaerea l'aurait poignardé. Agrippine la jeune a donc de nouveau accès au pouvoir et revient à Rome. Succède alors à Caligula un pauvre peureux du nom de Claude (4ème empereur julio-claudien et frère de Germanicus). C'est le temps des mariages, Claude épouse Messaline et Agrippine épouse Passienus, un homme qui dit-on est le second homme le plus riche de Rome! (Ahenobarbus est mort entre temps en Sicile).
Néron quant à lui est écrasé de travail et de sport par son précepteur Sénèque puisque sa mère refuse que le fils de Messaline, Britannicus le dépasse.
L'amour à Rome se révèle être d'une complexité incroyable puisque l'impératrice Messaline est lassée de son mari, et se surprend à aimer un certain Caius Silius. Il lui faut alors écarter l'empereur du pouvoir, ainsi tente-t-elle un coup d'Etat! Entreprise relativement risquée, puisque que celle-ci échoue et que les deux amants sont exécutés! Mais le feuilleton ne s'arrête nullement!
En effet, Agrippine est avide de pouvoir et a pour seule ambition de devenir impératrice, ainsi fait t-elle assassiner Passienus.
Le malheureux Claude a donné la mort à sa femme et la pauvre Agrippine en a fait de même avec son mari, il était donc évident que celle-ci tenta de séduire l'empereur. Chose faîte sans trop de difficulté.
Pallas (nouvel amant de l'impératrice) convainct alors Claude de faire empereur Néron après sa mort. Agrippine voit tous ses voeux exaucés les uns après les autres. Mais un ministre de l'empereur, nommé Narcisse lui fait changer d'avis et Agrippine devient, c'est le cas de le dire, folle de rage. Elle rend visite à Locuste et lui demande un de ses remèdes miracles qui pourrait tuer Claude, et reçoit ainsi des champignons vénéneux qu'elle arrive à hisser dans le plat du César (il faut dire que Claude était un grand amateur de champignons)!
Le sang a coulé, Néron accède au trône en 54. Mais l'histoire n'est pas finie et le sang coulera encore puisque Néron fait empoisonner (décidemment une facheuse habitude dans la famille) son ennemi de toujours: Britannicus. Le nouvel empereur refuse les ordres de sa mère l'Augusta et essaye à plusieurs reprises de l'empoisonner. En vain! L'année 59 sera pourtant fatale à Agrippine qui sera assassinée par un centurion et le priera de la "frapper au ventre" tellement fut-elle honteuse d'avoir donné naissance à un tyran tel que Néron.
Buste d'Aggripine